Mon amie c’est la finance ! Comment François Hollande a plié devant les banquiers, Adrien De Tricornot, Mathias Thépot, Franck Dedieu, Préface de Gaël Giraud Bayard, 2014, 250 pages
Les auteurs sont trois journalistes du Monde, de La Tribune.
Mon ennemi, c’est la finance.
Cette rétrospective commence le jour du discours du candidat Hollande au Bourget (en 2012). Ce jour-là, le futur président a dit : « Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance ». Il promet alors de séparer les activités bancaires dites « de crédit » et « de spéculation ». Cet essai raconte l’histoire d’une réforme qui peu à peu s’est vidée de sa consistance. Notamment à cause du lobby bancaire fort et omniprésent dans le paysage politique. Il explique aussi comment les banques trouvent un intérêt dans ce modèle « mixte ». Ils sont responsables à la fois de l’épargne de ces clients et de la création monétaire. Mais aussi, ils risquent gros sur des activités spéculatives qui ne servent pas l’économie réelle. Ce livre s’attache d’abord à démontrer l’incompétence de la loi de séparation des activités bancaires. Ensuite, en bons journalistes, ils nous montrent les différentes formes qu’ont prises les pressions du lobby bancaire.
Extrait du livre
Les vraies raisons de la crise selon eux
« Le Parlement tiraillé » Le 30 janvier à 9 heures, les banquiers ouvrent le bal des auditions à l’Assemblée nationale. Pour percevoir l’humeur du moment, les députés sont venus en nombre dans la salle 63 50. L’auditoire est composé de Jean-Paul Chifflet, président du Crédit agricole et devenu président de la FBF en septembre 2012, de Frédéric Oudéa, ainsi que de Jean-Laurent Bonnafé. Tous se sont positionnés à la droite du président de la Commission, Gilles Carrez. Un par un, ils entament des exposés lénifiants et conservateurs. Jean-Paul Chifflet ouvre le bal : « Les vraies raisons de la crise de 2008 sont liées à l’immobilier, à l’accumulation d’actifs risqués et à la faiblesse des régulateurs nationaux. Ça n’a rien à voir avec la séparation des activités bancaires ! » Cette réforme n’était ni urgente ni prioritaire ! Juge-t-il.
Ne pas remettre en cause la présence des banques françaises dans le monde.
Il met en garde : « Attention ! Cette loi aura un impact sur le financement de l’économie et la présence des banques françaises dans le monde. […] L’aveu du président de la Société générale Interloquée, Karine Berger prend alors la parole : « Je suis un peu étonnée, j’ai l’impression que vous n’êtes pas spécialement gênés par cette loi. » Elle n’en reste pas là et demande notamment aux trois banquiers de bien vouloir lui communiquer la part du produit net bancaire (PNB) due aux activités qui seront filialisées aux termes du présent projet de loi.
99 % des activités non concernées
Elle n’est pas sans savoir la réponse, mais cherche à obtenir une déclaration publique d’un banquier. C’est Frédéric Oudéa qui répond, les autres préférant se taire. « Cela représente entre 3 et 5 % de nos activités de BFI, qui représentent elles-mêmes 15 % des revenus totaux de la banque. » Stupeur dans la salle : 5 % de 15 %, cela fait 0,75 % des revenus totaux de la banque. « Alors cela veut dire que 99 % de vos activités ne seront pas concernées par la loi ? » rétorque un député. Réponse d’Oudéa : “Ce sera au superviseur d’en décider, moi, je n’en sais rien.” … » •
Appréciation personnelle
Cet essai est tout à fait accessible. L’écriture est simple et les explications claires. Les différentes notions complexes sont redéfinies et tous les rouages de l’appareil lobbyiste sont présentés par des exemples objectifs. L’objectivité est aussi un point fort de ce livre, ou du moins il se force à l’être malgré une opinion sous-jacente politique forte. En effet, il expose les différents points de vue du débat de la séparation bancaire, tout en argumentant quand il le faut. Enfin, l’essai est exhaustif et aborde tous les sujets : la banque « mixte » ou « universelle » et le lobby des groupes bancaires. Synthétique et court, ce livre est une lecture nécessaire pour tous ceux qui s’intéressent à la politique et qui veulent se faire une opinion de l’action du Président Hollande.
Matthias Gomez TES1 Mon amie c’est la finance ! Lycée Appert 2014
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