Quel est le point commun entre le prix d’un billet d’avion Nantes-Agadir, les fruits achetés au marché, le taux de change d’un dollar-euro ou encore le salaire d’un serveur à Paris ?
Il s’agit ici de domaines forts différents. Les fruits illustrent les biens, c’est-à-dire les productions matérielles. Le billet d’avion représente un service, avec la production de quelque chose d’immatériel. Ensuite, nous avons des devises et un salaire. Pourtant, nous pouvons appliquer un même modèle simple de marché qui permet de comprendre comment le prix va se former.
Mais qu’est-ce qu’un marché ? Comment se forment les prix sur les marchés ? Après cet article, tu seras capable de raisonner comme les économistes et de comprendre ce qui fait varier les prix.
Les notions essentielles de ce thème (définies dans cet article) : marché, offre et demande (agrégées), marché concurrentiel, prix d’équilibre et quantité d’équilibre.
I. Qu’est-ce qu’un marché ?
Le marché : un modèle économique
Les échanges marchands vont être modélisés en économie par la notion de marché. L’économiste français Antoine-Augustin Cournot (1801-1877) est notamment considéré comme un des pionniers dans la définition et la description des mécanismes de marché. Par la suite, de nombreux économistes et notamment Walras vont apporter leurs pierres à l’édifice. Cela va permettre d’engendrer tout le matériel scientifique adéquat pour analyser à l’aide de courbes notamment les échanges marchands. Ceux que les économistes vont mettre en avant dans la notion de marché, c’est que l’échange entre les offreurs et les demandeurs va aboutir à un prix d’équilibre. Autrement dit, le prix n’est pas fixé, administré. Des cigarettes, des médicaments et d’autres biens et services sont administrés. Ils ne rentrent donc pas dans le cadre du marché défini en économie. La notion de marché est donc une notion plus abstraite qui répond à la définition suivante : le marché c’est la rencontre entre l’offre et la demande qui aboutit à des échanges qui se font au prix du marché. Ce qu’il faut bien comprendre dans cette définition en une phrase, c’est qu’on considère que le marché est autorégulateur. Autrement dit, la confrontation entre les acheteurs et les vendeurs détermine le prix. C’est comme si, nous dit Walras, il existait un commissaire priseur qui annonçait à chaque instant les prix. Ainsi, en permanence, l’offre et la demande s’ajustent et déterminent le prix d’équilibre.
Le marché dans tous les secteurs
Les marchés concernent tous les secteurs de l’économie. On peut distinguer le marché des biens et services, le marché de la monnaie et de la finance et le marché de l’emploi. Ainsi, sur l’ensemble de ces marchés,
l’offre désigne la quantité de biens ou de services qu’un ménage, une entreprise ou, plus globalement, tout acteur économique, souhaite vendre à un prix donné. Par exemple, l’offre d’une banque, c’est sa capacité à proposer des services financiers comme des crédits ou des guichets automatiques de retrait. Sur le marché du travail, l’offre de travail correspondra aux millions de travailleurs qui chaque année cherchent un travail ou un nouveau travail. On peut étudier l’offre d’un agent économique, d’un producteur de légumes, d’une agence de voyage, d’une banque. Mais nous nous intéressons à la formation des prix et cela nécessite donc de raisonner pour l’ensemble d’un marché. L’offre sur le marché des légumes, l’offre des agences de voyage, etc.
Offre et demande
On emploie le terme d’offre de marché ou offre agrégée pour désigner les quantités totales proposées sur le marché à un prix donné. Par abus de langage, on emploie souvent la notion d’offre en terme simple alors qu’en réalité il s’agit de l’offre agrégée.
À contrario,la demande désigne la quantité de biens ou de services qu’un ménage, une entreprise ou plus globalement un acteur économique souhaite se procurer à un prix donné. Ainsi, les ménages consommateurs sont des demandeurs quotidiens de biens et de services. Les entreprises sont également demandeuses de nombreuses consommations intermédiaires pour pouvoir produire. De la même façon que pour l’offre agrégée, on peut parler de demande de marché ou demande agrégée pour désigner les quantités totales demandées sur le marché à un prix donné. Par abus de langage, on emploie souvent la notion de demande en terme simple alors qu’en réalité il s’agit de la demande agrégée.
Il existe différentes structures de marché. Sur certains marchés, il n’y a que quelques offreurs. Pense par exemple à tes choix pour obtenir un forfait mobile. Alors, dans ce cas, il existe d’autres logiques de marché que tu pourras, si tu en as envie, découvrir en première. Mais pour le moment, analysons le modèle d’équilibre concurrentiel.
II. Le fonctionnement du marché concurrentiel
L’atomicité du marché
Un marché concurrentiel se caractérise par le fait qu’il existe beaucoup d’offreurs et beaucoup de demandeurs. On parle d’atomicité du marché. Cela veut dire que les agents économiques sont comme des atomes, noyés dans la masse. Ils n’ont donc pas la possibilité d’agir sur le prix. Par exemple, un vendeur de fruits sur un marché doit prendre en considération les prix pratiqués par ses concurrents et s’aligner dessus. Il peut aussi avoir d’autres stratégies comme vendre des fruits de qualité, être très aimable avec la clientèle, etc. Mais il s’agit alors de stratégies pour ne plus être en concurrence. Nous verrons cela en première. Patience ! Avançons pas à pas. Tout d’abord, allons voir du côté de la demande de biens. Par exemple, une baguette, une télévision, une paire de chaussettes grand-public, des assiettes simples. Toute sorte de produits courants, quasi identiques quel que soit le producteur – en terme économique, on dit que les produits sont homogènes –.
Un consommateur rationnel
Comment le consommateur va faire son choix ? Je te rappelle qu’il est considéré comme rationnel (voir le thème 1 : comment raisonne un économiste ?) Les déterminants de la demande sont multiples : les goûts du consommateur, la qualité du produit, le Service après-vente. Mais souvent, le déterminant essentiel est le prix du produit. C’est pourquoi le modèle simple en économie ne prend en compte que le déterminant prix et ne prend pas en compte les autres déterminants. En économie, on dit que l’on réalise un raisonnement ceteris paribus, ce qui signifie ‘toute chose égale par ailleurs’. Autrement dit, on considère, pour simplifier, que les produits sont homogènes et que la différence se fait uniquement par le prix.
Ainsi, plus le prix du produit est bas et plus la quantité demandée a tendance à augmenter.
C’est une loi générale, mais on voit bien que cela ne correspond pas aux produits de luxe, par exemple, puisque la demande n’est pas forcément dépendante du prix.
Une offre qui monte avec le prix
Passons maintenant à l’offre de produits. Les déterminants de l’offre sont multiples : les coûts de la production, des anticipations de demande, les progrès réalisés… Mais souvent, le déterminant essentiel est le prix du produit. Si le prix du produit est bas, alors l’offre sera basse et augmentera avec l’augmentation du prix.
L’équilibre du marché
Ci-dessous, illustrons le marché, la rencontre entre l’offre et la demande qui aboutit à des échanges qui se font au prix du marché.
Avant de continuer, tu dois te familiariser avec la courbe d’offre et de demande. Je te propose de regarder le schéma classique proposé par Flachéco puis de faire des exercices proposés par lafinancepourtous.
III. Les effets des taxes et des subventions
Un exercice tout simple avec les subventions puis avec les taxes permet de comprendre comment cela affecte les prix et les quantités de produits offerts et demandés.
On se rend compte alors que les taxes augmentent mécaniquement le prix des produits et donc réduisent mécaniquement la demande.
Inversement, des subventions versées par l’État aux demandeurs augmentent la demande. Mécaniquement, cela induit des hausses de quantité. Par exemple, si l’État octroie des allocations logement, ce qui est une mesure sociale permettant notamment aux ménages moins favorisés de pouvoir être locataire, cela a aussi des effets pervers. L’augmentation de la demande induit l’augmentation des prix du logement. Pour aller plus loin dans le raisonnement, on peut alors se demander si la subvention profite plus aux locataires qu’aux propriétaires. C’est ce qu’on appelle l’incidence fiscale. On se rend compte ainsi que, par un effet pervers, sur certains marchés peu concurrencés, les subventions octroyées par l’État aux consommateurs bénéficient finalement aux producteurs.
Conclusion
Tu maîtrises maintenant le mécanisme des prix et tu peux t’amuser à appliquer cela à de nombreux secteurs pour analyser l’évolution de l’offre, de la demande et des prix. Tu peux aussi maintenant prévoir l’évolution des prix lorsque l’État intervient avec une taxe ou une subvention. Pour autant, ce modèle du marché concurrentiel ne correspond pas à tous les secteurs. Il existe beaucoup de marchés avec uniquement quelques offreurs, les marchés oligopolistiques et il y a aussi des monopoles. Comment se fixent alors les prix sur ces marchés ? C’est ce qu’on voit en première.
Pour vérifier tes connaissances :
QCM (entre 0 et 3 réponses possibles)
1) Concernant le marché
a. il existe un marché du tourisme et des transports
b. c’est la rencontre entre les prix et les demandeurs
c. il existe un marché mondial du commerce
2) Un marché auto-régulateur, cela signifie que :
a. le marché est administré par les pouvoirs publics
b. le prix est lié à la confrontation entre l’offre et la demande
c. le marché est physique
3) La concurrence
a. c’est le contraire de monopole
b. il y a plusieurs offreurs et demandeurs
c. il y a une multitude d’offreurs et demandeurs
4) Si la demande de pétrole diminue, alors a priori,
a. le prix va augmenter
b. l’offre va augmenter
c. le prix va baisser
5) Suite à une grave crise (pandémie du Covid-19), la demande de services touristiques baisse
a. les prix baissent
b. la quantité d’équilibre (offre et demande de services touristiques) va baisser
c. les prix vont augmenter
6) Une taxe sur les voitures polluantes a pour conséquences
a. d’augmenter le prix de ces voitures
b. de réduire, a priori, la quantité vendue de ces voitures
c. d’augmenter, a priori, la quantité vendue de ces voitures
7) Une allocation proposée par l’État pour le logement des étudiants peut avoir pour effet
a. une baisse du prix des logements pour étudiants
b. une augmentation du prix des logements pour étudiants
c. une augmentation des quantités offertes
Le corrigé est ci-dessous.
MAJ mai 2024 @ Philippe Herry
Corrigé du QCM
1) a. c.
2) b.
3) a. c.
4) c.
5) a.
6) a. b.
7) b. c. refais un graphique et tu verras que dans un premier temps, le prix des logements peut mécaniquement augmenter. Dans un deuxième temps, cette augmentation des prix peut attirer des agences immobilières et des particuliers à proposer plus de locations de logements d’étudiants.
Merci je n’etais pas allé en cours et mon prof ne voulais pas m’envoyer le cours. Cela me sauve la vie merci