L’État et la nation. Le référendum d’indépendance de la Catalogne organisé le 1 octobre 2017 est rejeté quasi immédiatement par le gouvernement espagnol. Il prend alors le contrôle d’une partie des prérogatives de l’autonomie catalane. Cela nous plonge dans le débat entre État et Nation. Qu’est-ce qu’un État? Toute nation peut-elle prétendre à une légitimité institutionnelle? Comment s’est construit l’État-nation?
La genèse de l’État
Norbert Elias
Les travaux du sociologue Norbert Elias, La dynamique de l’occident, 1939, permettent d’analyser la genèse de l’État. C’est un long parcours historique et progressif qui a engendré la notion moderne d’État. Historiquement, dans le monde occidental, il y avait les chefferies, les seigneuries. Par la suite, c’est un long processus souvent violent qui a permis l’émergence d’un pouvoir régalien autour du roi, détenteur abusif d’un pouvoir absolu. L’État est ainsi détenteur du monopole de la violence légitime comme le montre le sociologue allemand Max Weber.
Max Weber
La légitimité des force armées qui protègent d’un ennemi extérieur et d’une police nationale qui assure la sécurité à l’intérieur du territoire, est une caractéristique essentielle de l’État. Pour assurer ce monopole de la violence, l’État régalien s’abroge le droit de prélever des taxes et impôts. Il désigne ainsi une forme politique qui détient le monopole du pouvoir de contrainte sur un territoire et une population.
De l’État à la nation
Le sentiment d’appartenance
Encore faut-il que cette contrainte soit reconnue par les citoyens. Or justement lorsque les citoyens ont le sentiment d’appartenir à un même peuple parce qu’il partage une même langue, une même histoire, même culture alors la contrainte est plus acceptée. Cette notion de nation correspond ici à une vision ethnoculturelle . La nation est considérée comme une communauté politique réunissant des citoyens qui ont choisi par leurs participations politiques de vivre ensemble. Ce choix électif n’est jamais naturel car il est guidé par l’action de l’État qui transmet par le biais de l’éducation, d’une histoire commune, de symboles comme le coq gaulois ou la Marseillaise, une identité commune.
Retour sur la Catalogne
Certains citoyens de la Catalogne, ont le sentiment que leur identité se réfère avant tout à la culture catalane. Ils se sentent alors légitimes à remettre en cause la contrainte de l’État espagnol. Pour autant on peut mettre en avant la culture régionale tout en acceptant la puissance de l’État nation qui regroupe plusieurs cultures. Les Bretons vibrent ainsi sur une culture celtique spécifique mais ne remettent pas en cause l’État français.
MAJ décembre 2022 @ Philippe Herry professeur au lycée français de Valencia