Certains dénoncent les lois du marché, la concurrence exacerbée qui profite à certains et exploite les autres ainsi que les relations inhumaines créées par le marché. D’autres ne jurent que par le marché qui permet d’optimiser les prix et la qualité des biens et services échangés et plus globalement est le garant de la liberté de choix. Il est essentiel d’y voir un peu plus clair. Nous allons le faire en deux temps. Tout d’abord, nous allons travailler sur la notion de marché dans tous ses aspects. Ensuite, nous nous intéresserons au fonctionnement du marché concurrentiel. Vérifie que tu as bien assimilé le cours avec le QCM à la fin.
Les notions essentielles du thème (définies dans l’article) : marché, institution, concurrence parfaite, oligopole, monopole, coût marginal, surplus du producteur et du consommateur, gain à l’échange.
I. Qu’est-ce qu’un marché ?
À première vue, une notion qui parait simple à la vue de la définition en une phrase, mais en réalité, une notion complexe qui a mûri grâce aux travaux de nombreux économistes.
A. Les échanges marchands et la notion de marché
Des échanges multiples
Nous entendons parler de société marchande, de marchandisation du monde. Cela traduit bien l’idée que l’échange marchand a une place essentielle dans nos sociétés. En effet, l’échange marchand concerne tous les domaines. On achète et on vend tout type de biens. Des biens alimentaires, immobiliers, de l’électroménager, des automobiles, de l’habillement, mais aussi tout type de services, transport, éducation, santé, hôtellerie, restauration, assurance, loisirs, activités culturelles.
D’autre part, il existe différentes modalités d’échange marchand. Au-delà de l’achat au supermarché du coin, avec un échange contractualisé par un ticket de caisse, il existe par exemple les ventes aux enchères, à la criée, à la bougie, mais aussi l’e-commerce.
Le marché
Nous venons de voir que les échanges marchands sont multiples et la manière de procéder également, et pourtant il y a toujours quelques caractéristiques communes qui permettent ainsi de délimiter la notion d’échange marchand. Ainsi, on considère que dans l’échange marchand, la marchandise échangée – au sens large des biens ou des services – est l’élément clé de l’échange. Il ne s’agit pas de donner plaisir à quelqu’un en lui achetant un objet proposé, mais bien d’un échange entre des personnes dont la relation personnelle joue un rôle secondaire. Il n’existe donc pas de lien de domination ou de contraintes fortes qui lient les personnes qui échangent.
Le saviez-vous ?
Karl Polanyi
Karl Polanyi (1886-1964) est un économiste d’origine autrichienne qui, pour fuir le nazisme, s’est installé en 1933 en Angleterre, puis plus tard au Canada. Il a écrit La Grande Transformation, publiée en 1944. C’est un regard historique, mais aussi anthropologique, pour montrer que les échanges marchands ont toujours été encastrés dans d’autres formes de relations. On peut évoquer les relations de pouvoir, de famille ou d’amitié ou de voisinage. Dans certains environnements, la culture, les valeurs, les façons de vivre ont des impacts forts sur la manière d’échanger et donc sur le prix de la marchandise échangée.
Des marchés désencastrés
Avec la Révolution Industrielle, le système capitaliste qui se développe en Angleterre va désencastrer les marchés, ce qui va provoquer des inégalités et une forme d’exploitation de plus en plus intolérable entre la classe bourgeoise et les prolétaires. Il va y avoir la montée du rejet du système avec la montée des idées socialistes. Aujourd’hui, après les mouvements comme Occupy Wall Street ou Les Indignés, on comprend que les thèses de K. Polanyi sont très actuelles.
Les échanges marchands vont être modélisés en économie. Cela va faire apparaître la notion de marché. L’économiste Cournot (1801-1877) est notamment considéré comme un des pionniers dans la définition et la description des mécanismes de marché. Par la suite, de nombreux économistes et notamment Walras vont apporter leurs pierres à l’édifice, ce qui va permettre d’engendrer tout le matériel scientifique adéquat pour analyser à l’aide de courbes notamment les échanges marchands. Ceux que les économistes vont mettre en avant dans la notion de marché, c’est que l’échange entre les offreurs et les demandeurs va aboutir à un prix d’équilibre. Autrement dit, le prix n’est pas fixé, administré. Des cigarettes, des médicaments et d’autres biens et services sont administrés et ils ne rentrent donc pas dans le cadre du marché défini en économie. La notion de marché est donc une notion plus abstraite qui répond à la définition suivante :
Le marché c’est la rencontre entre l’offre et la demande qui aboutit à des échanges qui se font au prix du marché.
Un marché auto-régulateur
Ce qu’il faut bien comprendre dans cette définition en une phrase, c’est qu’on considère que le marché est autorégulateur. Autrement dit, la confrontation entre les acheteurs et les vendeurs détermine le prix. C’est comme si, nous dit Walras, il existait un commissaire priseur qui annonçait à chaque instant les prix, permettant ainsi l’ajustement entre les offreurs et les demandeurs au prix d’équilibre.
Les marchés concernent tous les secteurs de l’économie. On peut distinguer le marché des biens et services, le marché de la monnaie et de la finance et le marché de l’emploi.
L’offre et la demande
Ainsi, sur l’ensemble de ces marchés,
l‘offre désigne la quantité de biens ou de services qu’un ménage ou une entreprise souhaite vendre à un prix donné. Par exemple, l’offre d’une banque, c’est sa capacité à proposer des services financiers comme des crédits ou des guichets automatiques de retrait. Sur le marché du travail, l’offre sera par exemple matérialisée par les annonces sur les journaux ou sites Internet spécialisés. Une remarque : on peut également parler d’offre de marché ou d’offre agrégée pour désigner les quantités totales proposées sur le marché à un prix donné.
À contrario, la demande désigne la quantité de biens ou de services qu’un ménage ou une entreprise souhaite acheter à un prix donné. Ainsi, les ménages consommateurs sont des demandeurs quotidiens de biens et de services, mais aussi d’emplois. Les entreprises sont demandeuses également de nombreuses consommations intermédiaires pour pouvoir produire. Plus globalement, on peut également parler de demande de marché ou demande agrégée pour désigner les quantités totales demandées sur le marché à un prix donné.
B. Les conditions de fonctionnement du marché
On pourrait penser que le marché s’autorégule, qu’il peut fonctionner spontanément, sans intervention extérieure. Il n’en est rien ! Le marché est une
institution marchande qui pour exister nécessite aussi l’existence d’autres institutions. Une institution marchande, c’est l’ensemble des contraintes, c’est-à-dire les règles et normes économiques et sociales qui organisent le fonctionnement du marché. Nous allons nous pencher ci-dessous sur quelques institutions marchandes essentielles au bon fonctionnement du marché.
Des règles de marché
En effet, le marché a besoin de règles formelles connues et acceptées par tous. Des règles de sécurité, d’hygiène, de respect de l’environnement, de respect de la concurrence… Mais le marché nécessite aussi d’autres institutions comme la monnaie, qui a plusieurs fonctions essentielles dans l’échange (tu verras en détail le rôle de la monnaie avec le thème La monnaie dévoilée). Une des règles essentielles qui permet l’émergence d’un marché est le droit de propriété. On définit souvent la propriété par les caractéristiques qu’elle offre, qualifiée par la maxime latine usus, fructus, abusus.
Usus : droit d’user de la chose et de s’en servir.
Fructus : droit d’en percevoir les fruits
Abusus : droit de disposer de la chose, de la vendre, de la détruire.
Ainsi, la vente de tout bien ou service nécessite une preuve de transfert des nouveaux droits de propriété. C’est tout simplement le ticket de caisse au supermarché ou encore l’acte notarial pour l’achat d’un terrain, d’un appartement ou d’une maison. Mais qu’en est-il pour les biens culturels, pour les innovations ?
Une patent
Dès 1624, les Anglais reconnaissaient la propriété intellectuelle en permettant à l’inventeur de se protéger avec un brevet industriel (patent en anglais). Cela permet à l’inventeur d’utiliser son invention à sa convenance. Il peut produire en exclusivité ou vendre son invention. Il est protégé contre les récupérations frauduleuses de son invention. On comprend dès lors que cela incite à l’invention. C’est d’ailleurs, d’après l’économiste américain Douglas North, une des raisons essentielles du décollage économique de l’Angleterre à la fin du XVIIIe siècle.
Comme tu le sais, d’autres formes de propriété intellectuelle peuvent être protégées. Ainsi, la création artistique est protégée par le Copyright. Cet article, par exemple, est protégé par un Copyright. De même, si tu désires faire une grande fête publique, tu dois déclarer à la SACEM les musiques que tu vas utiliser.
Le saviez-vous ?
Le droit de propriété
En réalité, le respect du droit de propriété est une question ancienne, une question philosophique. Selon John Locke (1632-1704), philosophe anglais majeur du siècle des Lumières, le droit de propriété est un des droits fondamentaux comme le respect de la vie. Le droit de propriété permet à l’homme de construire une société et non de vivre à l’état sauvage. Selon lui, c’est un droit naturel. Au-delà des biens matériels, il s’étend à la sécurité, la santé, la créativité. On comprend dès lors que les idées de ce philosophe libéral sont à l’origine de la protection de la propriété privée grâce à des brevets, notamment. Or cela aurait joué, selon l’économiste américain Douglass North (1920-2015), un rôle central dans le développement de l’Angleterre avant toutes les autres nations !
Des règles informelles
Nous avons vu que le marché nécessite pour exister des règles formelles qui s’imposent aux individus et qui définissent les transactions marchandes. Mais au-delà de ces règles formelles, il faut comprendre que le fonctionnement d’un marché est encastré dans un environnement, des façons de faire ou de vivre, des normes et des valeurs. Autrement dit, des règles informelles encadrent également les marchés. Le manque de confiance, notamment, peut amener les offreurs et demandeurs à mettre en place un certain nombre de règles pour sécuriser le marché. Il y a des régions, des pays, où la confiance dans l’échange est plus importante que dans d’autres. Cela est lié à l’environnement culturel, aux valeurs véhiculées par les citoyens… La forme du marché, la façon d’échanger sera donc totalement dépendante du milieu environnant.
Avant de nous intéresser au fonctionnement du marché concurrentiel, il faut savoir qu’il existe plusieurs types de marché. C’est ce que je te propose de voir ci-dessous.
C. Les structures de marché
Savoir analyser un marché est une des compétences des économistes spécialisés. Par exemple, il y a des économistes qui travaillent pour les banques, d’autres pour l’immobilier, etc. Souvent, on commence par analyser la structure du marché : En reprenant la vision de l’économiste américain contemporain Stiglitz, on peut considérer que le marché repose sur deux caractéristiques : le nombre de producteurs (concurrence ou pas) et l’homogénéité du produit (le produit est-il identique ou différent). Reprenons chacune des caractéristiques.
Le nombre de producteurs
Par exemple, pour prendre le métro à Paris, il n’y a qu’un seul offreur, la RATP. Donc on est en situation de monopole. En réalité, c’est plus complexe, car sur le marché du transport à Paris, il y a bien sûr plus d’offreurs.
Pour beaucoup de marchés, il n’y a que quelques offreurs. Par exemple, sur le marché de la téléphonie, Orange, SFR, Bouygues et Free dominent le marché. Idem pour la construction automobile, l’aéronautique. On parlera alors d’oligopole. En grec ancien, le préfixe oli signifie quelque. Oligopole est donc un marché réunissant quelques offreurs et pleins de demandeurs.
Par contre, lorsqu’il y a plein d’offreurs et de demandeurs, alors il s’agit du marché concurrentiel. Très peu de marchés sont réellement concurrentiels. Mais si on veut illustrer le marché concurrentiel, on peut s’intéresser au marché des produits alimentaires. Les agriculteurs sont souvent beaucoup à proposer le même type de produit et, bien sûr, la demande est multiple.
Différencier le produit
Pour échapper à ce manque de concurrence, les offreurs cherchent souvent à différencier leur produit. Ainsi, on échappe à la concurrence qui existe si le produit est homogène ou identique. Il s’agit alors de la concurrence monopolistique. Par exemple, lorsque tu choisis un restaurant, tu constates qu’il existe des gammes différentes entre le fast-food et le restaurant étoilé Michelin.
Les définitions des différents marchés
Concurrence : situation de marché caractérisée par de nombreux offreurs et demandeurs.
Oligopole: situation de marché caractérisée par un petit nombre d’offreurs et beaucoup de demandeurs.
Monopole: situation de marché caractérisée par un offreur et beaucoup d’acheteurs.
Concurrence monopolistique : il existe un grand nombre d’offreurs mais les produits proposés sont différenciés.
Complément sur le monopole
Les situations de monopole sont complexes.
Il existe plusieurs situations. Ainsi, on distingue le monopole naturel qui est lié à des coûts fixes très importants qui empêchent plusieurs entreprises de s’installer sur le même marché. Ce fut longtemps le cas pour les monopoles nationaux comme SNCF ou EDF, jusqu’à ce qu’on décide de séparer les réseaux, les rails pour la SNCF et les câbles électriques pour EDF, des réseaux qui peuvent alors permettre à d’autres entreprises de les utiliser.
Le monopole d’innovation est la situation d’une entreprise qui a innové et a protégé son innovation par l’obtention d’un brevet. Cela lui permet temporairement de profiter exclusivement des profits réalisés grâce à l’innovation.
Enfin, on emploie la notion de monopole discriminant lorsque l’entreprise qui a une situation de pouvoir peut se permettre de différencier les prix selon la demande. C’est une situation que tu connais. Ainsi, le billet d’avion avec une compagnie low cost sera différent selon que tu l’achètes la veille ou bien trois mois avant. La compagnie se permet ainsi de discriminer le prix proposé selon la clientèle. En réalité, il n’y a pas monopole puisqu’il existe plusieurs compagnies Low Cost. Par contre, sur un trajet déterminé, on peut considérer qu’il existe une situation de concurrence monopolistique…
Les entreprises en situation de concurrence subissent le prix, autrement dit qu’elles sont preneurs de prix ou price-takers en anglais. On comprend dès lors que la stratégie d’une entreprise vise à échapper à la concurrence pour obtenir un pouvoir de marché et se rapprocher de la situation de price-maker.
D. Les limites des marchés
Existe-il un marché de l’éducation ? Des médicaments ? De la drogue Des armes ? Des services sexuels ? Ces quelques exemples gradués montrent bien que les marchés sont encadrés par des règles. Cela est lié à l’éthique, à la morale, mais aussi à des valeurs, comme par exemple l’égalité.
Ne pas exclure les moins favorisés.
Ainsi, le marché de l’éducation pourrait être privé. Des acteurs privés, autrefois les précepteurs, aujourd’hui des cours privés, des écoles privées pourraient dispenser l’éducation moyennant finance. Cela sous-entend une inégalité flagrante entre ceux qui ont les moyens et les autres. De plus, cela prive la nation d’un grand capital humain, puisque certains citoyens pauvres à fort potentiel n’auraient pas la possibilité de valoriser leurs compétences. Le domaine de l’éducation et de la santé sont les deux secteurs clés fortement encadrés par l’État pour des raisons d’égalité. La France met ainsi un point d’honneur à offrir à tous les citoyens un accès au soin qui ne dépend pas des ressources de chacun.
Des marchés interdits
Parfois des marchés sont interdits. C’est par exemple le marché de la drogue en France. Mais face à une demande, il se développe alors un marché parallèle non contrôlé par les administrations publiques avec toutes les conséquences que cela engendre. Cela amène des flux d’argent considérables, des violences entre bandes rivales. En d’autres termes, une économie parallèle avec des règles peu scrupuleuses du respect humain. C’est peu de le dire ! La question de libéraliser certains marchés est donc en débat.
Les exemples sont multiples, et les débats nombreux. Ainsi, face au défi de l’environnement, peut-on accepter de fracturer les roches et de proposer du gaz de schiste ? Les États-Unis l’ont accepté, la France l’a interdit pour le moment.
Transition
Nous avons donc compris que certains types de biens et services échangés nécessitent d’être encadrés par des règles plus ou moins strictes. Pour autant, les jeux de l’offre et de la demande entraînent la création de marchés illicites, illégaux, d’économie parallèle parfois fortement structurée. Il faut donc contrôler, sanctionner, réprimer parfois. Après avoir décrit, caractérisé les marchés et les règles des marchés, nous allons nous intéresser au fonctionnement des marchés. Procédons par étape. Tout d’abord, nous allons nous intéresser au modèle du marché concurrentiel (II). Dans un chapitre ultérieur, nous pourrons nous intéresser aux autres formes de marché, aux imperfections et aux défaillances de marché.
II. Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?
Les hypothèses du modèle du marché concurrentiel
Pour comprendre le marché concurrentiel, on raisonne en prenant en compte un modèle. Autrement dit, une construction simplifiée de la réalité qui repose sur des hypothèses. Prenons un exemple :. Tu as une passion, faire du surf. Tu vas donc chercher à acquérir ton objet convoité, la planche qui va répondre à tes désirs. Il faut se mettre alors à la recherche d’une planche de qualité répondant à tes critères. Il faut s’informer sur les différentes marques, les différents producteurs ou offreurs. D’autre part, tu vas être confronté à des contraintes de coûts. À travers cet exemple, on a retrouvé une hypothèse du marché concurrentiel. C’est un marché avec une multitude d’offreurs et une multitude de demandeurs. On dit qu’il y a atomicité puisque les acteurs sont comme des atomes. Ils n’ont pas le pouvoir d’influencer les prix. On peut rajouter la deuxième hypothèse ou caractéristique : le produit est homogène. Les producteurs se font concurrence sur le prix, car le produit vendu est identique.
Une hypothèse implicite du modèle
Les acteurs sont rationnels. Ainsi, les acheteurs cherchent à maximiser leurs consommations. Notamment, il recherche principalement la qualité et le meilleur prix. Il parait entendu qu’à qualité donnée, le consommateur cherchera le prix le plus bas. De même, les vendeurs vont chercher à minimiser les coûts et à maximiser leurs profits avec les prix les plus élevés.
A. Les modèles économiques du marché
Qu’est-ce qui détermine l’offre ?
Par exemple, de quoi va dépendre l’offre de glace que tu as vendue cet été sur les plages pour te faire un peu d’argent ? Tout d’abord, du coût de production, car ton employeur cherche à faire des bénéfices une fois payé ton salaire, les coûts liés aux glaces, aux glacières et aux frais annexes. De plus, cela va dépendre d’une concurrence ou pas, d’une éventuelle évolution technique (par exemple une glacière plus performante). Il y a donc plusieurs critères qui déterminent l’offre de biens ou de services. Mais avant tout, on peut considérer que l’offre va dépendre essentiellement du prix pratiqué sur le marché. On considère donc que l’offre est déterminée principalement par le prix. En effet, si le prix du marché augmente, alors il est intéressant d’augmenter la production pour faire plus de bénéfices, et inversement. Si on additionne ou agrège l’ensemble des offreurs, on obtient la courbe d’offre O = f(p) qui est une fonction croissante du prix. On considère donc qu’indépendamment des autres déterminants, l’offre est déterminée par le prix.
Le profit marginal
On peut approfondir le raisonnement en montrant que l’offreur propose une production tant que sa dernière unité produite lui procure un gain. En économie, on appelle cela le profit marginal. Donc, si le prix du marché augmente, logiquement, l’offreur propose plus de quantité.
De quoi dépend la demande ?
Les déterminants de la demande sont multiples. Il y a le revenu du consommateur, la qualité du produit qui dépend du goût du client. Cela dépend également des prix des biens substituables ou des biens complémentaires. Par exemple, je désire faire le trajet Nantes-Paris et que je n’ai pas de voiture. Je me renseigne sur les billets de train, mais je peux également me renseigner sur d’autres formes de transport (un bien substituable), un billet d’avion, un transport BlaBlaCar. Selon le prix du bien substituable, je choisirai ou pas d’acheter un billet de train.
Cependant, on peut considérer que le principal déterminant de la demande est le prix du bien ou service. On peut donc considérer qu’indépendamment des autres déterminants, la demande est déterminée par le prix. Il existe une relation simple entre la demande et le prix. Lorsque le prix baisse, la demande augmente et inversement. Nous pouvons ainsi établir une courbe de demande sur un marché qui correspond à la demande agrégée selon le prix du produit. Nous obtenons ainsi la fonction de demande D = f(p) qui est une fonction décroissante du prix.
Marché et prix d’équilibre
Le croisement entre la courbe d’offre et de demande permet d’obtenir le prix d’équilibre, c’est-à-dire qui va satisfaire les offreurs et demandeurs, qui ne vont alors plus modifier leur comportement.
La loi de l’offre et de la demande répond ainsi à du bon sens. Plus les prix sont élevés et moins je suis tenté d’acheter. Par contre, le producteur est tenté de vendre plus. Pour autant, il existe deux exceptions notoires. Il s’agit des biens Giffen et des biens Veblen. En effet, il arrive parfois que lorsque les prix augmentent, alors… la demande augmente ! (Je te laisse, si tu en as envie, découvrir le raisonnement ici).
Avant de continuer, tu dois te familiariser avec la courbe d’offre et de demande. Je te propose de regarder le schéma classique proposé par Flachéco puis de faire des exercices.
Est-ce que tu te sens opérationnel ? Tu sais comment déplacer la courbe d’offre lorsque les techniques de production augmentent ? Tu peux déplacer la courbe de demande lorsque la population augmente, par exemple ?
Mais pourquoi considère-t-on que les marchés concurrentiels sont efficaces ?
B. Le surplus et les gains à l’échange.
Le surplus du consommateur
Reprenons l’exemple du Surf. C’est ta passion. Tu es disposé à acheter 300 € ta Long Board favorite. Cela te permettra de surfer en toute quiétude ! Heureusement pour toi, il y a d’autres demandes et aussi une concurrence sur l’offre. Ainsi, le prix de marché de ta Long Board est de 200 €. Génia ! Tu étais prêt à dépenser 300 € et le marché te permet de n’en dépenser que 200 €. Tu as réalisé un surplus de 100 €.
Le surplus du consommateur c’est donc une différence entre le prix effectivement payé et le prix que le consommateur était prêt à payer.
Le surplus du producteur
À l’inverse, un fabriquant de Long Board avait réduit les coûts au maximum, ce qui lui permettait de proposer la planche de surf à 150 €. Le marché lui permet d’espérer la vendre pour 200 €. Génia ! Le producteur réalise un surplus de 50 €. Le surplus du producteur c’est donc une différence entre le prix auquel le bien a été effectivement vendu et le prix auquel le producteur était prêt à vendre le bien.
Finalement, on a compris que grâce à l’échange sur le marché concurrentiel, les offreurs et les demandeurs peuvent réaliser des surplus. Il y a donc un gain mutuel à l’échange sur un marché concurrentiel.
Le gain à l’échange
Lorsqu’on laisse faire le marché et que l’on obtient le prix d’équilibre, alors le surplus collectif est maximum. En effet, on ne pourra pas donner plus au consommateur en baissant d’une façon autoritaire le prix sans retirer du surplus au producteur. Et inversement, si les pouvoirs publics modifient le prix à la hausse pour avantager les producteurs, alors le surplus du consommateur sera plus restreint. Tu retrouves sur le graphique ci-dessous les pertes sèches qui correspondent effectivement à la surface de surplus, donc à la satisfaction perdue si on ne laisse pas faire le marché. En reprenant ce graphique, si par exemple l’État décide de fixer un prix du loyer plus bas que celui du marché, alors on voit que cela a des effets pervers, des effets non désirés mais qui amènent des désavantages. Ainsi, les offreurs de logements vont limiter les quantités d’appartements ou de maisons à louer, car le prix est moins intéressant, et donc ni les offreurs ni les demandeurs, les futurs locataires, ne seront satisfaits.
Un petit complément intéressant avec Captain Economics
Conclusion
Nous avons vu à travers les modèles du marché concurrentiel que la recherche de la concurrence peut être bénéfique pour le consommateur, le producteur, et donc cela apporte plus de bien-être pour la société. Pour autant, dans la réalité, beaucoup de marchés n’obéissent pas à la loi de la concurrence. Comment intervenir ? Quel est alors le rôle de l’État ? C’est ce que nous verrons dans le prochain thème.
Nous avons abordé toutes les notions du programme de ce thème, sauf la notion de coût marginal. Tu devras donc compléter avec ton cours, tes livres ou un regard sur l’article Wiki.
QCM (une seul réponse exacte par question)
1. Qu’est-ce qu’un marché selon les économistes ?
a) Un lieu physique où se déroulent les échanges commerciaux.
b) La rencontre entre l’offre et la demande qui aboutit à des échanges au prix du marché.
c) Un système régulé par l’État pour fixer les prix.
d) Un environnement où les échanges sont non-marchands.
2. Qu’est-ce que la demande sur un marché ?
a) La quantité de biens ou de services que les entreprises souhaitent acheter à un prix donné.
b) La capacité des entreprises à proposer des biens ou des services à un prix donné.
c) La quantité de biens ou de services que les ménages ou les entreprises souhaitent acheter à un prix donné.
d) La somme d’argent que les entreprises gagnent en vendant des biens ou des services.
3. Qu’est-ce qu’une institution marchande ?
a) Un ensemble de magasins regroupés dans un même lieu.
b) Les règles et normes économiques et sociales qui organisent le fonctionnement du marché.
c) Une entreprise publique régulant les prix du marché.
d) Une banque centrale qui contrôle la monnaie.
4. Quelle situation de marché est caractérisée par quelques offreurs ?
a) Concurrence parfaite
b) Monopole
c) Oligopole
d) Concurrence monopolistique
5. Qu’est-ce que la concurrence monopolistique ?
a) Un marché où plusieurs offreurs proposent des produits différenciés.
b) Un marché où plusieurs offreurs proposent des produits homogènes.
c) Un marché où il n’y a qu’un seul offreur pour plusieurs demandeurs.
d) Un marché où il n’y a aucun offreur
6. Qu’est-ce que le coût marginal ?
a) Le coût total de production d’un bien ou service.
b) Le coût additionnel pour produire une unité supplémentaire.
c) Le prix de vente d’un bien ou service.
d) La différence entre le coût de production et le prix de vente.
7. Qu’est-ce que le surplus du producteur ?
a) La différence entre le prix d’équilibre et le prix auquel le producteur souhaitait vendre
b) La quantité de biens excédentaires sur le marché.
c) La différence entre le coût de production et le coût marginal.
d) Le bénéfice total d’une entreprise
8. Quels sont les gains à l’échange ?
a) Les pertes subies lors d’un échange commercial.
b) Les coûts additionnels supportés par les entreprises
c) La différence entre l’offre et la demande.
d) Les bénéfices obtenus par les parties prenantes grâce aux échanges sur le marché
MAJ janvier 2024 @ Philippe Herry
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