Avec la crise humaine et économique actuelle liée à la pandémie, nombreux sont ceux qui questionnent les fondements d’une économie mondiale. Quels sont les fondements du commerce mondial et de l’internationalisation de la production ? Quels sont les avantages attendus et aussi les limites ?
Les notions du programme à connaître: libre-échange, avantage comparatif, dotation factorielle, différenciation des produits, fragmentation de la chaîne de valeur, productivité, compétitivité prix et hors prix, protectionnisme
I. Les évolutions et transformations des échanges internationaux
Avant de rentrer dans le vif du sujet (ou plutôt du programme 🙂 ), il est nécessaire de bien comprendre de quoi on parle.
A. Les caractéristiques du commerce international
On peut définir le commerce international comme les flux de biens et services qui circulent entre différents pays.
Nous constatons depuis la fin de la seconde guerre mondiale l’explosion du commerce mondial. Le rythme de croissance des exportations a été plus important que celui de la croissance mondiale. Ainsi les exportations de marchandises ont été multipliées par pratiquement 32 depuis 1950, alors que dans le même temps le PIB mondial a été multiplié par environ 8,5. Cela traduit l’ouverture croissante des pays.
Est-ce pour autant un phénomène récent ? L’histoire longue nous permet de relativiser.
Daniel Cohen dans La mondialisation et ses ennemis, 2005, fait remonter les premiers temps de la mondialisation à la découverte des Amériques, qui a engendré des flux de marchandises mais aussi des flux de personnes avec les esclaves. Mais c’est à la fin du XIXe, début XXe qu’on assiste à une interdépendance forte des économies. C’est la période des colonies avec des flux de marchandises et de capitaux Nord-Sud très important. S Berger dans son ouvrage, Notre première mondialisation, 2003, nous décrit alors un stade avancé d’interdépendance économique que nous venons juste d’égaler aujourd’hui. En effet, à partir de la première guerre mondiale nous assistons à un long repli des économies qui se tournent vers des modèles protectionnistes, et ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que le libre échange va reprendre et s’accentuer dans les années 80.
Quelles sont les caractéristiques de cette deuxième mondialisation?
B. Les caractéristiques principales du commerce mondial actuel
La grande majorité des exportations concernent des marchandises, et parmi celles-ci principalement des produits manufacturés. Ils représentent 70% des exportations de biens.
Pour autant, les exportations de services, notamment le transport, le tourisme, la finance, les conseils, les tâches de services routinières ne cessent d’augmenter notamment depuis 1980 . En 2014 elles représentent environ 21% du commerce mondial.
Pour comprendre l’expansion incroyable du commerce mondial ces trente dernières années, il faut se pencher sur les penseurs qui sont à l’origine du « laisser faire ». Il s’agit bien sûr des économistes liés à la première puissance mondiale à l’époque ; l’Angleterre.
II. Les fondements du commerce mondial
A. A l’origine de la spécialisation et des échanges
Le libre échange est une politique commerciale qui vise à réduire tous les obstacles à la libre circulation des biens et des services
L’origine du libre-échange? Il parait entendu, lorsqu’on est un producteur, que se protéger de la concurrence grâce à des barrières permet à court terme de réaliser plus de profit. Le libre échange ne va pas de soi. Il faut effectivement des arguments forts, pour faire passer l’idée que le libre-échange est souhaitable. C’est donc toute la force des idées de David Ricardo (1772/1823) qui complétera la théorie des avantages absolus développés par Adam Smith. Monsieur Ricardo va montrer grâce à la théorie des avantages comparatifs les bienfaits du commerce international.
Le saviez-vous?
David Ricardo Ricardo comme son nom l’indique n’est pas d’origine anglaise. Ses parents sont portugais d’origine juive si bien qu’ils doivent quitter le pays. Ils se réfugient tout d’abord aux Pays-Bas beaucoup plus tolérants, puis ils traversent le Channel pour s’installer à Londres où va naître David Ricardo, le troisième d’une famille de 17 enfants! Abraham Ricardo, le père de Ricardo travaille à la Bourse de Londres . Dès 14 ans, David Ricardo va prendre son chemin. Mais il se brouille avec sa famille, monte sa propre activité de change et fait fortune. Ils décident alors de se retirer des affaires pour se tourner vers la politique et la pensée économique. En 1819 il entre au Parlement après avoir acheté un siège de pair d’Irlande. Il va alors défendre avec ferveur le libre échange. Finalement ce n’est pas du hasard si le célèbre exemple de l’échange drap-vin, inventé par Ricardo pour illustrer l’avantage comparatif, se fait entre l’Angleterre et le Portugal! |
Reprenons le fameux exemple de la théorie des avantages comparatifs de Ricardo avec le tableau synthèse* ci-dessous . Les chiffres représentent le nombre d’heures de travail nécessaire pour produire une unité de bien.
Angleterre | Portugal | |
Une pièce de drap | 100 | 90 |
Un tonneau de vin | 120 | 80 |
Total | 220 | 170 |
*selon les chiffres de D. Ricardo dans Des principes de l’économie politique et de l’impôt (1817)
Ainsi, pour fournir du drap et du vin l’Angleterre a besoin de 220 heures de travail, là où le Portugal n’en utilise que 170 heures et le Portugal est plus productif aussi bien pour le vin que pour le drap. Le Portugal a un avantage absolu. Mais pourtant, Ricardo nous dit que l’Angleterre a quand même un avantage. En effet, pour le vin la différence Angleterre-Portugal est de 40 heures de travail et moins de 10 heures pour le drap. L’Angleterre est donc relativement mieux doté pour produire du drap que du vin. Il faut donc qu’elle se spécialise dans ce domaine. En produisant 2 unités de draps, elle peut en garder 1 unité et échanger l’autre contre du vin, le pays aura alors gagné 20 heures de travail (200 heures de travail pour obtenir du drap et du vin contre 220 heures si l’Angleterre produit seul). Le Portugal est également gagnant. En produisant 2 unités de vin pour en garder une et échanger l’autre contre du drap, le pays gagne 10 heures de travail. Finalement la spécialisation et l’échange profite à tous les pays. L’échange est un jeu à somme positif comme dira bien plus tard, Krugman, l’économiste américain contemporain, prix Nobel d’économie. Mais revenons à la théorie des avantages comparatifs. On peut l’énoncer ainsi: une nation a intérêt à se spécialiser dans les productions où elle bénéficie du plus grand avantage comparatif, relatif, ou du plus faible désavantage comparatif.
La théorie implique donc la spécialisation du pays, c’est à dire une concentration des capacités de production sur un type de biens pour lequel sa compétence est la meilleure.
Mais comment obtient-t-on des avantages comparatifs? Regard sur la théorie HOS ou théorie des dotations factorielles. Ces 3 lettres correspondent aux initiales des noms de 3 économistes importants Heckscher Ohlin et Samuelson. Qui sont-ils? Il s’agit de 2 économistes suédois E.F Heckscher (1879/1952) et B. Ohlin (1899/1979) à l’origine de la théorie HO, complétée bien plus tard par l’économiste américain P. Samuelson (1915/2009), célèbre professeur américain qui a formé de nombreux étudiants
La théorie des dotations factorielles part du constat que chaque pays est plus ou moins bien doté en facteur de production. Le coût de ces facteurs abondants ou rares, vont expliquer la disparité des prix et donc les différences entre les pays. Ils ont donc intérêt à se spécialiser dans la production qui utilise au mieux leurs facteurs de production. Ainsi, certains pays vont exploiter leurs réserves naturelles de matières premières, d’autres vont profiter de leur main d’œuvre peu chère ou d’autres pays, plus développés vont profiter de l’atout d’une main d’œuvre très qualifiée.
D’autre part, on peut aussi expliquer le dynamisme du commerce international par des dotations technologiques différentes. Ainsi, grâce aux dépenses conséquentes en Recherche&Développement, les pays développés vont bénéficier d’un niveau technologique plus important ce qui va leur permettre de diffuser les innovations dans le monde. On repère alors des flux d’échange entre les pays qui sont cycliques.
Pour autant, on constate que beaucoup de pays économiquement comparable échangent beaucoup de biens relativement similaires. Comment expliquer cela ?
B. Le commerce entre pays comparable
L’entreprise française Renault exporte des voitures en Allemagne et en retour l’entreprise Opel exporte des modèles parfois similaires vers la France. Comment l’expliquer ?
Face aux impasses des modèles traditionnels pour expliquer certaines réalités, des économistes comme Krugman, économiste américain contemporain, ont bâti des des modèles plus réalistes basés sur d’autres hypothèses. On abandonne l’hypothèse de la loi des rendements décroissants pour celle des rendements croissants. De plus les modèles économique ne retiennent plus la Concurrence Pure et Parfaite mais on raisonne en Concurrence Imparfaite. En effet, l’hypothèse de concurrence pure et parfaite ne permet pas de comprendre cet échange croisé, car si il y a homogénéité des biens, une des cinq caractéristiques de la CPP, alors l’entreprise avec les meilleurs prix emporte le marché et il ne peut y avoir deux firmes concurrentes sur une même gamme. En revanche, on peut considérer des marchés de concurrence imparfaite. Les producteurs mettent alors en place une différenciation des produits, c’est à dire rendre différents les produits par rapport à ceux offerts par la concurrence. On peut ainsi apporter un caractère unique au produit grâce à des innovations, mais aussi grâce à l’emballage, l’apparence… D’autre part, on peut jouer sur les services qui accompagnent le produit. Par exemple un Service Après Vente. Enfin, grâce à des techniques marketing de plus en plus rodées, que tu pourras apprendre si tu en as envie dans les Ecoles de Commerce, les entreprises façonnent une image du produit qui le rend unique.
Il est temps maintenant de montrer les liens entre la compétitivité des firmes qui procurent des avantages aux Etats qui peuvent ainsi favoriser les exportations.
III. De la compétitivité des firmes à celle des Etats
Certaines firmes recherchent la délocalisation à l’étranger pour profiter d’une mains d’œuvre moins chère. Mais pas que….
On peut définir la compétitivité comme la capacité à faire face à la concurrence. Ainsi pour une entreprise cela désigne la capacité à conserver ou augmenter ses parts de marché vis-à-vis de la concurrence. On doit alors distinguer la compétitivité prix et hors prix. La compétitivité prix c’est la capacité à proposer sur le marché des produits à des prix inférieurs que les concurrents. Ainsi, à partir des années 70, les firmes ont délocalisé vers les pays moins développés pour profiter des faibles coûts du travail. Mais il existe aussi la compétitivité hors-prix ou structurelles ce qui signifie pour une firme garder ou augmenter les parts de marché grâce à d’autres stratégies que le prix. Par exemple, en jouant sur la qualité du produit, la notoriété, la différenciation du produit, les options, les innovations. Cela concerne ainsi les firmes innovantes des pays développés qui sont attractives du fait d’un potentiel important en capital humain permettant une forte productivité.
Ainsi plus un pays permet aux entreprises de dégager des profits grâce à des productivités élevés plus le pays sera considéré comme compétitif.
IV. Les Firmes Multinationales et la chaîne de valeur
les Firmes Multinationales (FMN), on dit encore Firmes Transnationales, sont des entreprises qui ont des filiales à l’étranger. L’extension du commerce mondial a permis aux entreprises de s’internationaliser … Une partie de plus en plus importante du commerce est un commerce intra-firmes, c’est à dire des échanges entre les filiales et la société mère d’une FMN ou encore entre les filiales du même groupe.
Les FMN décident de produire à l’endroit où les avantages comparatifs sont les plus intéressants. Par exemple, si l’avantage d’un pays est lié aux bas coûts de la main d’œuvre alors les entreprises sur des secteurs à faible valeur ajoutée peuvent délocaliser. Par contre, si une entreprise sur un secteur à forte valeur ajoutée, comme la mode ou encore les produits high-tech, veut profiter du fort potentiel du capital humain alors elle implantera une filiale dans un pays développé. Ainsi, les FMN, décomposent les activités de production en un ensemble de sous-activités qui permettent de dégager de la compétitivité. L’économiste contemporain américain Mickael Porter a appelé cela la chaîne de valeur. Aujourd’hui cette fragmentation du processus de production est souvent réalisée dans plusieurs pays différents. Cela permet d’expliquer l’augmentation fulgurante du commerce intra-firmes, c’est à dire qu’une grande partie du commerce mondial est un commerce de produit entre les différentes filiales d’une même firme.
Nous avons vu les acteurs du libre échange et les avantages pour les pays. Pour autant, nous entendons de plus en plus parler de retour du protectionnisme. Rentrons dans le débat.
V. Les effets induits du commerce mondial
Le libre échange sera considéré après la deuxième guerre mondiale, comme le moyen de ne pas retomber dans le marasme économique de l’après 1929. Le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) adopté en 1947 par 23 pays avec l’objectif de réduire les tarifs douaniers s’est généralisé et il a finalement donné place en 1994 à l’Organisation Mondiale du Commerce (en anglais World Trade Organisation) qui se charge des règles du commerce international. Le siège de l’OMC se trouve à Genève.
A. Les effets positifs du commerce mondial
Si nous rappelons que le libre échange se traduit par une concurrence exacerbée entre les économies nationales, nous comprenons que les bienfaits attendus sont ceux décrits par les économistes néo-classique déjà évoqués en première ES.
Des bienfaits pour les consommateurs : la concurrence permet une baisse du prix des biens et des services ce qui va libérer du pouvoir d’achat qui va pouvoir permettre le développement de nouveaux marchés. On retrouve ainsi le cercle vertueux porteur de plus de production, d’emplois et de consommation et d’investissement.
Le libre échange permet d’autre part, aux consommateurs de profiter d’une variété plus importante de biens et services.
Du côté des producteurs, un marché international permet une baisse des prix des matières premières ou du capital physique ou encore une meilleure qualité grâce à une concurrence accrue.
D’autre part, la mondialisation du marché permet de réaliser des économies d’échelle. En effet, une production plus massive permet de réduire les coûts de production et ainsi les baisses de coûts réalisés par unité produite peuvent alors se traduire soit par une baisse des prix favorisant les consommateurs, soit une augmentation des profits si l’entreprise bénéficie d’une rente de monopole.
Enfin, les producteurs vont pouvoir bénéficier des transferts de technologie qui permettent de produire avec plus de performance.
Au niveau social, rappelons les bienfaits théorisés par Samuelson : si les pays se spécialisent selon leurs facteurs de production alors, .le taux de profit devra s’ égaliser partout. En effet au bout d’un certain temps les entreprises des pays bien dotés en facteurs de production dominent le marché et vendent au taux de profit qui leur permettent en retour d’acheter les autres produits. Ainsi, à terme,le pouvoir d’achat des travailleurs devra s’égaliser dans tous les pays. Dit autrement, nous allons assister à la baisse des inégalités entre les pays. Effectivement, beaucoup de pays en développement ont connu une croissance forte du PIB par habitant, ce qui réduit les inégalités tant en terme de revenus que d’accès aux soins ou à l’éducation. La Chine par exemple, a mis en place une politique de promotions des exportations basée sur un facteur travail abondant et cela a permis de fortes augmentations du pouvoirs d’achat moyen en Chine.
B. Les conséquences négatives du commerce mondial
Certains travailleurs des pays développés vont être directement en concurrence avec des travailleurs des pays moins développés qui se développent, notamment les emplois dans les secteurs d’activité en concurrence avec les pays où le coût de la main d’œuvre est moins chère. Cela va se traduire par des délocalisations transfert d’activités du pays d’origine vers un autre pays (à ne pas confondre avec externalisation c’est à dire le transfert d’une fonction d’une entreprise vers un sous-traitant). Des secteurs entiers vont connaître des pertes d’emplois considérables. Ainsi le commerce international induit une augmentation des inégalités au sein des pays.
Plus globalement, face à la concurrence exacerbée, les pays vont exercer des pressions à la baisse des avantages pour rester compétitif vis-à-vis de l’extérieur. Cela se traduit par des politiques de flexibilités, visant à réduire les coûts, des remises en cause des droits sociaux pour limier les cotisations sociales. Ces mesures sont à l’origine de nombreux conflits dont nous nous faisons l’écho dans le thème 9 Le conflit social
En résumé, d’un côté certains travailleurs en concurrence vont connaître la précarisation alors que ceux qui organisent ce commerce mondial et les travailleurs qualifiés des pays développés, qui profitent de ce commerce mondial, vont connaître des augmentations de revenus conséquentes en moyenne.
Face à cette bipolarisation de la société qui peut être vecteur de tensions sociales, certains économistes et hommes politiques mettent en avant le protectionnisme
VI. Le protectionnisme en question
Le protectionnisme représente les mesures prises par un gouvernement pour empêcher ou limiter les importations de biens et de services
L’Europe et les États-Unis menacent souvent d’appliquer des barrières douanières face à la concurrence déloyale que se livre l’un ou l’autre. Qu’en est-il exactement? Peut-il y avoir du protectionnisme alors que les organismes internationaux prônent la libre concurrence?
A. Différentes formes de protectionnisme
Comment peut-on limiter certaines importations qui concurrencent l’industrie ou plus globalement l’économie locale?
Tout d’abord, le protectionnisme tarifaire autrement dit les taxes sur les produits importés. Cependant les règles de l’OMC limitent ce protectionnisme, sans pour autant l’interdire. L’OMC autorise notamment certaines protections tarifaires exceptionnelles en cas de dumping c’est à dire une concurrence déloyale car on vend à perte ou lorsque des importations massives déstabilisent fortement la production intérieure
Pour ne pas subir les sanctions de l’OMC, un protectionnisme tarifaire offensif plus subtil s’est mis en place. On favorise le marché en faussant le marché. Le pays peut subventionner certaines productions ou encore plus subtilement aider un secteur en engageant des dépenses nationales qui normalement doivent être supportées par les entreprises du secteur. C’est par exemple les subventions qui avantages les production nationales. La compagnie américaine Boeing et européenne Airbus s’accuse mutuellement d’obtenir des subventions ce qui fausse la concurrence.
On peut également réaliser une manipulation du taux de change. La Chine par exemple contrôle son taux de change en le rendant artificiellement le yuan plus bas que ce qu’il vaudrait réellement en laissant faire les forces du marché de la monnaie. Cette technique permet de garder des produits chinois a un prix extrèmement avantageux au détriment des autres pays.
Au delà du protectionnisme tarifaire, il est de plus en plus question de protectionnisme non tarifaire. Il existe un protectionnisme tarifaire quantitatif lorsqu’un pays applique des quotas d’importations. Ainsi, les pays de l’Union Européenne peuvent exercer des menaces sur les importations de textiles à bas coûts chinois .Mais le protectionnisme non tarifaire est surtout qualitatif. Il est plus insidieux, plus difficile à cerner et donc plus subtilement utilisé par les pays qui prônent ouvertement la libre concurrence mais mettent en place des mesures protectionnistes. Nous allons donner ci-dessous différentes formes de protectionnisme non tarifaire qualitatif :
-> Le pays peut exiger des licences d’importation
-> Le pays ou la zone régionale, peut mettre en place des normes très strictes qui permettent de limiter les importations.On peut mettre en place des normes de sécurité, des normes de qualité, des normes éthiques, des normes environnementales.
Les exemples sont multiples. L’ Union européenne se protège contre l’importation de produits fabriqués par des enfants provenant de Pays En Développement. Ou encore l’Union Européenne interdit l’importation de produits agricoles OGM ce qui la protège notamment de nombreux produits agricoles américains.
Ces normes parfois extrêmement complexes selon les pays nécessitent souvent des experts. Pense à cela pour ta poursuite d’étude.
Tu viens de voir que les États n’acceptent pas aveuglément la concurrence étrangère, et parfois hypocritement, c’est à dire à l’encontre du discours officiel, mettent en place un grand nombre de mesures pour protéger leur économie locale. Mais est-ce un mal ?
B. Justifier le protectionnisme ?
Le protectionnisme permet de protéger l’économie du pays et notamment les emplois contre l’arrivée de produits de l’étranger ou en favorisant les exportations du pays. Or historiquement, certains pays comme l’Allemagne ou les Etats-Unis ont mis en place des politiques protectionnistes, en le justifiant. Nous allons voir le protectionnisme éducateur de F. List ( 1798/ 1846)
F. List est un économiste allemand à l’origine du Zollverein, l’union douanière entre les Etats allemands. C’est à la suite de son séjour aux États-Unis qu’il développera sa théorie! Cet économiste considère qu’un pays moins avancé que les autres doit protéger ses « industries naissantes ». En effet, nous savons que dans un premier temps, les coûts de production sont plus élevés car il n’y a pas encore le phénomène d’économie d’échelle. En d’autre terme, il est nécessaire de protéger les secteurs nouveaux de l’économie du pays, sinon les entreprises seraient étranglées par la concurrence étrangère. Après la période de « protectionnisme éducateur » propice au développement, le pays pourrait alors s’ouvrir au libre échange.
Beaucoup de pays, aujourd’hui développés, ont suivi ce principe. Nous pouvons prendre l’exemple, bien sûr, de l’Allemagne du XIX ème mais aussi des États-Unis ou du Japon. Plus près de notre période, nous pouvons évoquer le développement très contrôlé de Taïwan ou encore de la Chine populaire.
En France l’historien et penseur J-M Jeanneney préconise un « nouveau protectionnisme à l’échelle européen ». Selon lui, les nombreux secteurs ouverts à la concurrence étrangère, ne sont pas compétitifs car notre protection sociale plus avancée, pèse d’un poids plus important sur le coût du travail. Les entreprises européennes implantées ici, ne sont donc plus compétitives et délocalisent ou font pression à la baisse sur le coût du travail. Cette pression continuelle orchestrée par l’ensemble des producteurs européens qui subissent la concurrence étrangère limite le pouvoir d’achat qui est pourtant l’élément clé de la croissance économique.
Il existe aussi d”autres justifications du protectionnisme:
L’économiste britannique keynésien, Kaldor (1908/1986) avance ainsi qu’il peut être nécessaire de protéger temporairement des industries vouées à disparaître afin de permettre de laisser du temps aux forces économiques de se repositionner dans des secteurs plus porteurs. En France, l’exemple typique concerne la région Lorraine qui bénéficia dans les années 80 de vastes subventions pour trouver de nouvelles perspectives face au déclin de l’industrie sidérurgique.
Un argument politique ou géostratégique. Certains activités peuvent être considérées comme essentiels et se doivent donc de rester nationales. Cela concerne en tout premier lieu le secteur de la défense mais également de nombreux autres activités sensibles. Exemples : le domaine énergétique, les transports, la santé, l’éducation, …
C. Le protectionnisme c’est le risque du repli
A terme le protectionnisme peut nous empêcher de profiter des bienfaits du libre-échange et des gains à l’échange. Ainsi les prix seront plus élevés pour les consommateurs mais aussi pour les producteurs qui ne pourront pas bénéficier des meilleurs prix de consommation intermédiaire. Le pouvoir d’achat des ménages va donc baisser et cela limitera le développement d’emplois dans d’autres secteurs.
De plus si chaque pays met en place des mesures protectionnistes, nous rentrons dans un cercle infernal où par ricochet chaque zone économique va mettre en place des mesures de rétorsion. C’est ce schéma dépressionnaire des années 20 qu’il faut éviter.
Ce thème nous a permis de comprendre finalement l’intérêt du libre échange. Il permet de développer de nouveaux marchés, de libérer du pouvoir d’achat mais il est aussi porteur d’angoisse et de problèmes sociaux car les menaces concurrentielles sont plus grandes. Le protectionnisme peut alors être une solution à court terme, mais à terme peut devenir un risque pour la croissance économique et le développement.
Pour vérifier tes connaissances :
QCM (entre 0 et 3 réponses possibles)
Corrigé à la fin de l’article
1) la balance commerciale c’est :
a. la différence entre exportations et importations
a. le calcul des flux de biens et services entre u pays et le reste du monde
b. une mesure des échanges de biens entre un pays et le reste du monde
c. L’ Etat
2) la théorie HOS est :
a. antérieures à la théorie des avantages comparatifs
b. postérieures à la théorie des avantages comparatifs
c. développe la théorie des dotations technologiques
3) les pays comparables :
a. ne cherchent pas à échanger
b. pratiquent des échanges intra-branches
c. échangent des produits différenciés
MAJ octobre 2020 @ Philippe Herry
Corrigé du QCM
1) a.c
2) b.
3) b. c.