L’élasticité
Définition générale
L’élasticité permet de mesurer la variation d’une grandeur-effet provoquée par la variation d’une grandeur-cause : Nous allons ainsi pouvoir mesurer des variations de demande ou d’offre qui sont la cause soit de la variation du prix (élasticité-prix), soit de la variation du revenu (élasticité-revenu).
Le saviez-vous ?
Alfred Marshall
Alfred Marshall (1842-1924) est considéré comme l’un des trois grands économistes néo-classiques de l’école de Cambridge avec W.S Jevons et A.C Pigou. Il est à l’origine de la notion d’élasticité ; Dans Principes d’économie politique (1890) il écrit : « L’élasticité de la demande sur un marché est dite grande ou faible suivant que la quantité demandée augmente beaucoup ou augmente peu pour une baisse de prix donnée, et diminue beaucoup ou diminue peu pour une hausse des prix donnée. »
L’élasticité-prix
Il existe l’élasticité de l’offre et celle de la demande. L’élasticité de l’offre permet de calculer la variation de la quantité offerte lorsque le prix du produit varie. Imaginons que les prix des chambres simples des hôtels chutent face à la concurrence drastique de Airbnb. Est-il souhaitable de continuer à fournir une telle offre ou bien certains hôteliers vont-ils se reconvertir ? La question de l’élasticité-prix par rapport à l’offre est passionnante, pour autant nous allons nous pencher sur l’élasticité-prix par rapport à la demande qui est beaucoup plus usitée. La formule est Eq/p = (Δ q/q) / (Δ p/p), autrement dit le taux de variation des quantités divisé par le taux de variation des prix. Cela permet de calculer la variation de la quantité d’un bien qui est demandé lorsque le prix varie. Ainsi, si le prix des billets d’avion pour l’île de Madère, toujours ensoleillée, baisse de 10 % alors que l’Europe continentale est plongée sous la grisaille, cela crée une augmentation des réservations de billets de 20 %, on pourra dire que l’élasticité de la demande par rapport au prix est de -2 (+ 20 % / – 10 %).
Les biens normaux
Concernant les biens normaux, l’élasticité-prix de la demande est négative, puisque d’ordinaire, lorsque les prix baissent, la quantité demandée augmente et inversement. Si l’élasticité est nulle, cela signifie que la demande est inélastique au prix. Par exemple, quel que soit le prix de l’essence, beaucoup de ménages continueront à se servir de la pompe par nécessité d’utiliser la voiture. Si l’élasticité est supérieure à -1 signifie que la demande est élastique au prix. Ainsi, lorsque le prix des transports baisse, alors la demande augmente parfois fortement.
Les biens de marque
Première remarque : il arrive parfois que lorsque les prix augmentent, alors… la demande augmente ! Nous retrouvons E q/p> 0 par exemple pour les biens Veblen.
Le saviez-vous?
Veblen
C’est bien Thorstein Veblen (1857-1929), immigré américain d’origine norvégienne qui est à l’origine de la notion de biens de consommation ostentatoire. On dit aussi bien Veblen. Toute sa vie, il s’est intéressé à la motivation qui pousse les individus à consommer. Il enseigna à Chicago puis à Stanford en Californie avant d’aller dans le Missouri. Son livre principal The theory of the Leisure Class, écrit en 1899, a connu un succès important. Il ne fut traduit en français qu’en 1970 ! L’effet Veblen traduit l’effet de snobisme qui pousse certaines personnes à acheter lorsque le prix augmente, ce qui permet d’afficher avec ostentation son pouvoir d’achat.
La situation de pénurie extrême
Il existe un autre cas, où la demande augmente lorsque les prix augmentent. Mais cette fois-ci, la situation est radicalement différente. Nous sommes alors dans une économie de crise, de pénurie. C’est l’économiste Giffen (1837-1910) qui a constaté et analysé ce phénomène. On parle alors de bien Giffen. Lorsqu’il existe une grave pénurie alimentaire, que la population sent qu’il faut agir vite pour stocker les biens de première nécessité, alors, lorsque les prix commencent à monter, la demande augmente.
Le saviez-vous?
La famine irlandaise
Entre 1845 et 1852, la grande famine a causé la mort de plus d’un million d’Irlandais, alors que des millions s’exilaient vers les États-Unis. C’est dans ce contexte que Robert Giffen a étudié le comportement de demande de la pomme de terre lorsque le prix de cette denrée est devenu rare après l’apparition du mildiou, le parasite qui a détruit la majorité de la production. Il a alors constaté que lorsque le prix de la pomme de terre augmente, alors la demande augmente ! En effet, la pomme de terre, qui représente à l’époque un grand pourcentage de la consommation du revenu pour beaucoup d’Irlandais, est un bien de première nécessité et ce bien n’est pas substituable. Alors, dans la perspective vitale de manquer de pomme de terre, le signal d’une augmentation de ce bien incite les Irlandais à en demander pour ne pas en manquer.
L’élasticité croisée
Élasticité prix croisé
Il peut être intéressant de mesurer la variation de la demande d’un bien en fonction de la variation du prix d’un autre bien. Par exemple, si le prix des billets TGV Paris-Marseille augmente fortement, alors la demande pour les vols Paris-Marseille va augmenter ou bien encore les transports par car. On voit ainsi que l’élasticité-prix croisé est un outil particulièrement utile pour détecter si deux biens sont substituables ou complémentaires. Si l’élasticité prix croisé est positive, alors les biens sont substituables. Si l’élasticité du prix croisé est nulle, alors les 2 biens sont indépendants. Enfin, si l’élasticité du prix croisé est négative, alors les biens sont complémentaires. Ainsi, si nous reprenons l’exemple précédent (les billets TGV Paris-Marseille qui augmentent fortement), alors cela va profiter aux compagnies aériennes qui vont offrir des billets compétitifs Paris-Marseille. L’élasticité croisée de la demande de billets d’avion Paris-Marseille selon le prix du TGV Paris-Marseille est positive. Les biens sont substituables. Inversement, le nombre de clients à la cafétéria de la station de train de Marseille va certainement baisser. Donc l’élasticité croisée entre la quantité de clients et le billet de train est négative. Les biens (ici, il s’agit de services !) sont complémentaires.
Élasticité, revenu croisé
La formule est E c/r = (Δ c/c) / (Δ r/r), autrement dit le taux de variation de la consommation divisé par le taux de variation du revenu. Elle mesure la sensibilité de la consommation à la variation du revenu. Si je m’enrichis, quels biens de consommations vais-je privilégier ? Je vais délaisser les biens inférieurs pour acheter plus de biens normaux et supérieurs.
les biens inférieurs (E c/r < 0) Par exemple, si mon revenu d’étudiant augmente grâce à un emploi saisonnier, il y a fort à parier que je vais réduire ma consommation de pizzas surgelées à bas prix.
les biens normaux ( 0 < E c/r < 1 ) Mon nouveau revenu d’étudiant plus important me permet de modifier mon forfait mobile.
Les biens supérieurs (E c/r > 1) La proportion de mes dépenses en loisir, par exemple, sera supérieure à celle de l’augmentation de mes revenus. Tout cela est à mettre en relation avec la loi d’Engel.
Le saviez-vous?
La Loi d’Engel
Ernst Engel (1821-1896) est un statisticien allemand qui est resté dans la postérité grâce à son analyse des observations de E. Ducpetiaux sur les budgets de familles belges et de celles de F. Le Play. Ernst Engel a alors établi la loi suivante : la part de la consommation alimentaire décroît lorsque le revenu augmente. Inversement, la part consacrée aux autres dépenses augmente. Intuitivement, on comprend aisément que lorsque le revenu augmente, on peut se permettre de consacrer une part moins importante aux biens de premières nécessités et, à l’inverse, on va consacrer un montant plus élevé aux autres biens. Cette loi économique a été confirmée par de nombreuses autres études. On peut ainsi dire qu’elle est robuste, autrement dit qu’elle est universelle et varie peu dans l’espace et dans le temps.
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Mis à jour le 2 janvier 2024
Très bonne page. Peut être un graphique en plus pour les « visuels »
Je souhaitais l’article pour des étudiants ingénieurs sur les questions de politiques de l’énergie.